Chapitre 3
Faubourg de Chanat
Faubourg St Pierre
Faubourg St Antoine
Faubourg du Mesnil
Faubourg de Vaucheret
 sommaire 
Population de Barbonne et ses dépendances anciennes
Barbonne qui d'après le dernier recensement fait en 1841, contient ses dépendances comprises à l'exception de Fayel, 417 ménages et une
population de 1334 habitants, a été jusqu'au milieu du 17ème siècle beaucoup plus considérable, plus étendu quant à ses faubourgs et plus
populeux qu'il ne l'est de nos jours, ce qui sera déjà sans doute une des causes de la prétention que dit M. Lesage, les habitants ont eu de
tout temps, de disputer le pas à Sézanne elle-même.
La moyenne des naissances qui dans les dix dernières années est de 30 seulement, était depuis 1584, époque où on commence à avoir des registres
parfaitement en ordre, jusqu'en 1652, de 82 à 88 centièmes, ce qui en supposant même, comme on le prétend, que le mouvement de population
serait beaucoup moins fort aujourd'hui qu'il ne l'était alors, donnerait néanmoins encore un nombre d'habitants au moins double de ce qu'il est
actuellement. C'est à dater de cette année 1652 que les naissances sont tout à coup réduite à 51. Il a déjà été dit un mot dans le chapitre
Ier à l'article "fortification de Barbonne" des causes de cette énorme diminution.
C'est qu'alors outre le chef-lieu qui est toujours renfermé dans ses anciennes limites, et ses dépendances actuelles qui étaient aussi les mêmes
aujourd'hui à l'exception peut-être de Lancourt qui a pris beaucoup d'accroissement depuis le commencement du 19ème siècle, il y avait plusieurs
autres faubourgs, plus ou moins importants qui ne subsistent plus que dans les souvenirs. C'étaient les faubourgs :
- de Chanat,
- de St Pierre,
- de St Antoine,
- du Mesnil,
- de Vaucheret et des rues basses.
- Faubourg de Chanat
Le faubourg de Chanat était situé au nord-ouest de Barbonne dont il était éloigné d'environ 300 mètres ; il ne parait pas avoir été
jamais très considérable, car on a pu retrouver dans l'espace d'une trentaine d'années les noms que d'environ douze familles. On a
rencontré et on rencontre encore en cultivant les terres et en creusant dans le sol des débris de fondations et des voûtes de cave.
On ignore la date précise de la destruction de ce petit faubourg.
Pour y arriver on rencontrait en dehors de la porte St Jean plusieurs habitations sur l'emplacement desquelles il n'y a plus
actuellement que des vergers et un grand réservoir d'environ 800 mètres de superficie.
- Faubourg St Pierre
En sortant de Barbonne, par la porte de l'est appelée porte St Pierre, pour se diriger sur Queudes, on traversait un petit faubourg,
nommé le faubourg St Pierre, touchant aux remparts de la ville et composé d'une quinzaine de maisons dispersées sur une assez grande
étendue de terrain. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un terrain en culture d'un côté et différents enclos de l'autre. Il fut détruit en
1567 ainsi que le faubourg St Antoine.
- Faubourg St Antoine
Entre la porte St Antoine au sud-est de Barbonne et le petit village de Fayel, aujourd'hui dépendance de ce bourg, sur une étendue
au moins de 5 à 600 mètres était le faubourg St Antoine avec une église dédiée sous vocable de ce saint. Ce faubourg finissait tout
auprès de la Tour de Fayel dont il vient d'être question.
Et sur l'emplacement de laquelle fut ensuite construit un moulin qui a toujours porté le nom de Moulin de la Tour et qui fut détruit
en même temps que le faubourg pendant les guerres civiles des Huguenots.
Ce fut l'an 1567 au mois d'octobre qu'une armée de Protestants commandée par le Prince de Condé et l'Amiral de Coligny se présentèrent
devant Barbonne qui refusa d'ouvrir ses portes à ces fougueux ennemis du roi, de la région et de leur patrie.
De cette résistance à laquelle ils ne s'attendaient pas ils se vengèrent en commettant les plus horribles profanations dans l'église
de St Antoine qu'ils brûlèrent ainsi que tout le faubourg et celui de St Pierre qui ne se sont jamais relevés de ce désastre.
Ils n'eurent pas le temps de causer plus de dégâts, poursuivis qu'ils étaient, l'épée dans les reins par le Duc d'Anjou et l'armée
catholique.
Le faubourg St Antoine comptait au moins 80 à 100 maisons.
- Faubourg du Mesnil
La plus importante de toutes les anciennes dépendances de Barbonne était le faubourg du Mesnil, situé au sud-ouest du chef-lieu. Il
s'étendait sur une longueur de près de deux kilomètres, jusqu'au haut de la côte connue encore sous le nom de Buisson du Mesnil et
ses dernières maisons touchaient au finage de Fontaine-Denis.
Ce faubourg devait être fort considérable puisque d'après les registres dans l'espace de 70 ans, nous connaissons les noms de plus de
100 chefs de famille. Il y existait une église, sous le nom de St Etienne et un cimetière qui n'est plus qu'un champ en culture
appelé la Croix du Mesnil à cause de la croix principale qui a été mutilée puis enlevée au moment de la révolution.
On trouve encore ça et là des ruines des fondations et des caves témoins toujours subsistants des maux affreux que ces caves ont
souffert dans les temps de discordes civiles dont quelques ambitieux profitent seuls pendant que le pauvre peuple se voit dépouillé
de tout, plongé dans la misère et souvent privé de tout asile.
- Faubourg de Vaucheret
Enfin à l'ouest de Barbonne, le long de la belle route qui conduit aux bois communaux et à la forêt de la Traconne; on rencontrait un
autre faubourg d'environ 60 maisons. Il était divisé en deux parties dont l'une au sortir de Barbonne, portait le nom des rues basses
et l'autre plus éloignée et plus élevée sur les côtes s'appelait Vaucheret (Valus caprarum ou Vallée des chèvres).
Les habitants étaient en grande partie composés de bûcherons de scieurs de long et de charbonniers parce qu'ils étaient plus que les
autres à la proximité des bois. Les noms des rues basses et de Vaucheret sont restés aux contrées qu'occupait ce faubourg.
Lancourt, Le Mesnil et Vaucheret et sans doute aussi Chanat furent brûlés et détruits en 1652, mais ces trois derniers ne se sont jamais
relevés de leurs ruines.